
Tu sais,
Je n'ai jamais été aussi heureux que cet après-midi-là. Nous marchions sur le bord de mer, un peu comme celui-ci. C'était la Saint-Valentin. Une Saint-Valentin où il faisait beau. Une journée qui ne se vit que dans le nord de l'Italie. Cette ville-là, on l'appelle Sanremo. Et ce n'était tout simplement pas la nôtre. (Merci à toi Joe pour m'avoir inspiré pour ce début d'article).
Lalala lalalalalala lala ♫
Tu te prélassais au soleil, collée contre ma poitrine, tes bras autour de mon cou. Patiemment, tu attendais cet instant, ce moment fatidique où nous allions ne faire qu'un, pour la toute première fois. Alors, je te pris dans mes mains et... tout se passa si vite. En 1/500ème de seconde pour être précis. C'était le temps qu'il me fallut pour prendre mon cliché avec toi. Toi, ma petite boîte à image. Toi, ma chambre noire portative. Toi, mon appareil photo argentique.
Mais revenons un peu en arrière si vous le voulez bien.
Pour cette grande première, j'avais pris quelques précautions. D'autant plus que cet appareil photo argentique était un cadeau. Un très beau cadeau. Car ce petit bijou chargé d'histoire a été conçu en 1957, ce qui correspond (à un an près) à l'année de naissance de mes parents. Par ailleurs, il est de fabrication française (ce qui est très rare aujourd'hui dans la photographie). Sans compter qu'il est fait de métal jusque dans la focale (ce qui est encore plus rare aujourd'hui dans la photographie). Bref, cette petite vieillerie franchouillarde a atterri entre mes mains plus de 60 ans après sa conception. J'ai nommé : le Foca Sport II.
Mon Foca Sport II de 1957 - Fabrication française
Le numérique, je connaissais. Mais alors l'argentique... En fait, j'avais déjà utilisé un autre appareil photo argentique une fois. Mais aucune image n'était apparu sur le film de la pellicule... Donc ça ne compte pas. Il me fallait donc rapidement monter en compétence avant de partir pour ce fameux séjour à Sanremo et réussir à prendre quelques photos.
Alors, quelques jours auparavant, j'avais acheté une pellicule (car oui, il faut mettre un truc dans ce machin-là sinon ça ne marche pas). Et j'avais soigneusement choisi la Kodak Ektar 100 (dont le rendu de quelques clichés trouvés sur internet avec ses couleurs vives m'avait bien plu). Pour l'insérer dans le boitier (non sans difficulté), je m'étais aidé d'un petit tuto sur Youtube.
Arrivé en Italie, mon compteur de vue était encore à zéro. Je savais que ma pellicule ne me permettrait de prendre que 36 vues et c'est tout. Alors, j'avais bien tout prévu : Le calcul de l'exposition, les réglages de mon appareil (ouverture du diaphragme, vitesse d'obturation, etc.) et la mise au point.
D'ailleurs, la mise au point m'a posé quelques soucis. Je n'arrivais pas à voir si elle était correcte dans le viseur de l'appareil (peu être était-ce dû à son ancienneté, je ne sais pas). Alors, j'ai trouvé une astuce en regardant un autre petit tuto sur Youtube pour, normalement, être sûr de faire des photos nettes (c'est une longue histoire de "plage de netteté").
Exploration - photographie argentique
Je devais aussi résoudre un autre problème concernant cette fois la mesure de l'exposition. Je n'avais pas de capteur de lumière sur cet appareil (pourtant indispensable afin de ne pas avoir des photos trop claires ou trop sombres). Alors, j'ai trouvé (encore) une astuce en regardant (encore) un autre petit tuto sur Youtube pour mesurer la lumière avec mon smartphone. Et cela, à chaque fois que je voulais prendre une photo.
Exploration - photographie argentique
Enfin voilà, je me suis dépatouillé avec tout ça, sans même savoir si mon appareil fonctionnait vraiment (on ne voit pas les photos tout de suite sur un petit écran...). Mais à bien écouter son petit bruit quand j'appuyais sur le bouton du déclencheur, je sentais (non, je savais !) que ça marcherait.
De retour en France, je me suis évidemment rendu dans un labo photo pour faire développer ma pellicule. Quelques semaines plus tard, j'y suis retourné pour découvrir enfin mes photos. Et là, j'ai été très heureux de constater que ma petite vieillerie fraichement acquise n'avait rien perdu de son talent. Les photos était de très bonne qualité avec des couleurs et une netteté très appréciable. Sans compter le grain sur l'image qui donne un côté vintage et que j'affectionne particulièrement.
Photo de Sanremo prise avec mon Foca Sport II de 1957
Mais ce qu'il y avait de plus grisant pour moi dans tout ça, c'était de découvrir mes propres clichés longtemps après et pour la toute première fois. C'était comme si j'avais rembobiné le film de mon séjour dans ma tête en me disant : "Ah oui, j'étais passé par là." Ou bien : "Je me souviens très bien de ce moment-là." Ou au contraire : "Tiens, c'est moi qui ai pris cette photo ?"
Alors, que diriez-vous d'oser sortir le vieil appareil photo de votre grand père, d'y insérer une pellicule et de partir à l'aventure pour voir ce que ça donne ? Rien de plus simple ou presque.
Voici ce que je vous conseille de faire (sans trop de prise de tête si c'est un appareil photo de type reflex) :
Je peux vous garantir que cette expérience sera riche en émotions et en enseignements, tant à la prise de vue qu'au moment où vous allez découvrir vos clichés.
Quand je photographie en argentique, j'ai une pratique photographique différente. Elle est plus lente, plus posée. Chaque photo compte. Je ne dirais pas que je suis meilleur photographe grâce à la photographie argentique mais il est certain qu'elle me fait progresser. Je réfléchis beaucoup plus avant de déclencher. Sans toutes les assistances apportées par mon appareil photo numérique, c'est beaucoup plus difficile de prendre un cliché. Et plus c'est difficile, mieux j'apprends. J'ai d'ailleurs raté pas mal de photos sur cette première pellicule et c'est très bien comme ça !
Elle est vraiment ratée cette photo ? Pas sûr finalement...