Le photographe argentique, cet alchimiste


Développer ses photos soi-même







Aux prémices de la photographie, à une époque où la photographie ne s'appelait pas encore la photographie, les premiers photographes étaient avant tout des savants, des chimistes. Voire de véritables alchimistes ! Bien sûr, leur quête n'était pas de transformer le plomb en or mais elle était tout aussi improbable : celle de figer le temps ! Cela nous parait tellement banal aujourd'hui avec nos smartphones mais imaginez l'enthousiasme qu'ont pu susciter les premières épreuves photographiques de Niépce ou de Daguerre deux siècles plus tôt. (voir mon article sur l'histoire de la photo).

 

Voilà pourquoi j'aime développer moi-même mes pellicules photo. Pour retrouver en partie cet enthousiasme d'antan. Pour faire perdurer un véritable savoir-faire et rendre hommage à tous ces inventeurs des siècles passés qui se sont passionnés et acharnés à rendre la photographie possible.

 

Sauve ton resto
Photo prise sur la Canebière à Marseille

 

 

La magie de l'image révélée

 

Différemment du photographe numérique, le photographe argentique capture une image fixe sur un support qui réagit de manière organique à la lumière. Ce support peut être du film négatif (la pellicule photo) ou du film positif (la diapositive). Il est recouvert d'une couche photosensible composée généralement de bromure d'argent, d'où le terme "argentique".

 

C'est l'utilisation du film négatif qui est la plus répandue aujourd'hui en photographie argentique. Et réaliser une photo à l'aide d'une pellicule, ce n'est pas juste appuyer sur un bouton mais c'est au contraire tout un processus. Il se compose de trois étapes bien distinctes : La prise de vue, le développement et le tirage.

 

La prise de vue consiste à prendre des clichés en exposant le film à la lumière avec son appareil photo. Ensuite, il faut développer ce film contenu dans la bobine (je vous en dis un peu plus sur cette petite bobine ici). Mais attention, le développement n'est pas à confondre avec le tirage. Le premier consiste à révéler l'image sur le film négatif à l'aide de bains chimiques. Le second consiste à fixer l'image à partir du négatif sur un autre support quel qu'il soit (tirage papier, tirage numérique, etc).

 

L'étape du développement photo est à la fois fascinante et un peu effrayante. Fascinante parce que l'on voit apparaitre, comme par magie, les images que l'on aura prise plus tôt. Elles sont révélées en miniature et en couleurs inversées sur toute la longueur de la bande du film. Effrayante aussi parce que le développement ne tolère aucun droit à l'erreur. Si l'on exécute mal cette étape, toutes les images capturées sur la pellicule seront perdue à jamais...

 

 

Un savoir-faire artisanal

 

Développer ses pellicules maison fait appel à un savoir-faire artisanal. Et j'ai personnellement cette fascination pour ce savoir-faire. C'est une expérience manuelle, tactile, où l'on manipule et l'on transforme chimiquement le film sans utiliser de machine. Et tout faire soi-même, de ses propres mains sans passer par un laboratoire extérieur, c'est incroyablement grisant.

 

La vie est hasardeuse, développer ses pellicules aussi. C'est ce qui en fait tout son charme. Le but est néanmoins de mettre toutes les chances de son côté pour que cela fonctionne. Et nul besoin d'être un pro de la chimie pour y arriver, surtout avec les outils d'aujourd'hui. Néanmoins, cela reste une affaire de précision. Tant au niveau des gestes, du timing, et surtout de la température des produits chimiques. Le photographe est alors comme un pâtissier qui réalise un bon gâteau, il ne doit pas se tromper sinon c'est raté.

 

Mais une fois développée, dérouler cette petite bobine sous ses yeux apporte une émotion toute particulière : pour moi, c'est un peu comme déballer son cadeau de Noël, j'y retrouve une part de mon âme d'enfant. Sans compter que chacune des photos prend plus de valeur à mes yeux car j'y a passé du temps et j'en ai pris soin. Mais cela ne s'arrête pas là !

 

 

Du négatif au positif

 

À ce stade, les couleurs sur cette bobine sont donc révélées mais inversées. Le rouge que l'on devrait voir est cyan, le vert est magenta, le bleu est jaune, etc. Les zones sombres sont claires, le noir est blanc. Et inversement. Pour retrouver les couleurs d'origine, il faut transformer l'image en la passant du négatif au positif. Alors positivons ! Cette étape se fait communément à l'aide d'un scanner. Et oui, il y a du numérique dans tout cela aussi. Sinon, comment traduire une photo sur un écran d'ordinateur et la partager sur Internet ?

 

La pellicule est donc scannée et est retranscrite sur ordinateur. Ensuite, un simple clic à l'aide d'un logiciel de traitement d'image va convertir les couleurs en positif. C'est à ce moment là que l'on voit enfin apparaitre les vraies images : c'est à dire avec les couleurs qui ressemblent à celles que l'on avait vu au moment de prendre les photos. Voilà, la photographie argentique est ainsi faite, prête à être partagée au monde ! Et tout cela, sans sortir de chez soi (sauf peut-être pour la prise de vue bien sûr).

 

Photo sur film négatif
Photo sur film négatif

 

 

 

Je conclurais cet article en rappelant qu'il est important aussi de tirer ses photos sur papier. Nous avons tendance à l'oublier mais une photographie s'apprécie bien plus "en vrai" que sur le petit écran d'un smartphone. Alors, continuons d'imprimer nos photos, l'expérience n'en sera que plus excitante. Et ça aussi, nous pouvons le faire de chez soi !











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