L'argentique vit encore


Et c'est aussi grâce à Instagram !







Négatif photo d'Henri Cartier Bresson
Photo tiré du livre "Celebrating the Negative"

 

Voilà, il était grand temps que je parle de photographie argentique sur ce blog (même si j'en avait déjà touché quelques mots en écrivant sur les débuts de la photo). En préparant ce texte, j'avais dans l'idée de vous décrire ma première véritable expérience avec l'appareil photo à pellicule. Mais rapidement, je me suis rendu compte que j'avais envie de commencer par le pourquoi. Pourquoi j'en suis arrivé à photographier avec ce genre de vieillerie ?

 

 

Pourquoi suis-je attiré par ces vieilleries ?

 

Il y a tout d'abord cet objet photographique qui est chargé d'histoire. Pour ma part, j'ai photographié mes premières pellicules avec un appareil qui a plus de 60 ans. Je ne sais pas si vous vous rendez compte ? C'est un appareil qui m'a été offert il n'y a pas si longtemps d'ailleurs. Je ne connaissais pas l'histoire de cet objet ni la personne à qui il avait appartenu. Je savais juste que son précédent détenteur était lui même photographe et j'avais l'intime conviction qu'il avait servi et bien servi. Et il m'a été transmis à moi, photographe à mon tour, par le hasard de la vie. Il y a pour moi quelques chose de solennel dans tous ça. Alors, aujourd'hui, à chaque fois que je vais me balader, ce n'est pas sans émotion que je photographie avec ce magnifique objet et que je contribue à le maintenir en vie.

 

Foca Sport ii de 1957 - Appareil photo français
Mon Foca Sport  II, construit en 1957 et de fabrication fançaise - Boîtier 24 x 36 télémétrique

 

Je pense aussi que les gens (ou du moins certaines personnes comme moi) éprouvent de plus en plus le besoin de récréer une expérience plus tactile. Et je ne veux pas parler là des écrans que l'on touche sans arrêts avec nos doigts. Non, je veux parler de cette expérience qui existait autrefois. Où tout n'était pas fait de plastique avec un design soporifique. Avant (et cette époque n'est pas si lointaine), on savait mieux apprécier et utiliser ces belles choses parce qu'elles étaient plus belles, tout simplement !

 

Pentax 67
Le Pentax 6x7 - Moyen format - Très utilisé pour la photo de portrait

 

J'aime le côté artisanal de l'argentique. Le côté mécanique dans les réglages de l'appareil. Le développement de la pellicule jusqu'au tirage photo. Tout prend plus de temps. La prise de vue. La découverte des photos qui ne se fait que quelques jours plus tard dans le meilleur des cas. Voire quelques semaines, mois ou années plus tard ! Et c'est une bonne chose. Surtout dans un monde où l'on veut tout, tout de suite. C'est un processus qui correspond bien mieux avec ma temporalité. Je ne suis pas du tout quelqu'un de pressé ! Au contraire, j'essaie plutôt de prendre le temps de profiter.

 

Photographier en argentique me permet de me poser, de revenir un peu en arrière. Mieux réfléchir à quelle est mon intention de départ, voilà ce qui m'intéresse quand je photographie. On ne mitraille pas en argentique (notamment à cause du prix de la pellicule). Du coup, je pense que j'apprends beaucoup plus sur la prise de vue avec un vieil appareil argentique. Sans compter que chaque photo devient précieuse et prend alors plus de sens à mes yeux car elle a demandé beaucoup plus d'effort et d'attention.

 

Pellicule couleur Kodak gold 200
La Kodak Gold 200 - L'une des pellicules les plus convoitées aujourd'hui

 

Je suis un nostalgique de l'analogique ! Mais ne vous méprenez pas. J'aime aussi beaucoup le numérique. En fait, j'aime l'alliance des deux. J'aime pouvoir numériser mes négatifs et avoir tout le loisir de passer des heures sur mon ordinateur à peaufiner les couleurs. Faire de la photographie argentique avec les moyens d'hier et d'aujourd'hui, c'est ça qui me rend le plus créatif et qui correspond le plus à mon besoin. Et c'est tout le processus de concrétisation d'une photographie qui m'intéresse.

 

 

L'impact des réseaux sociaux

 

Beaucoup de "jeunes" sont fascinés par cette époque révolue qu'ont connus les "moins jeunes". Cette nouvelle génération n'a jamais eu entre les mains des appareils où l'on doit mettre un truc dedans pour photographier et que l'on doit ensuite faire développer. Alors, il se disent : "mais moi aussi je veux essayer !"

 

Aujourd'hui, on prend une photo et on la poste directement sur les réseaux sociaux avec deux trois mots. Le tout en quelques secondes. Ça va trop vite ! Alors de plus en plus de gens recherchent une autre expérience. Si vous taper sur Instagram le hashtag #filmphotography par exemple, vous trouverez plus de 24 899 210 publications à l'heure où j'écris ces lignes. C'est énorme !

 


@negativefb : Un exemple de compte Insta très populaire sur la photo argentique

 

Et voyez sur Youtube. L'engouement est le même, notamment pour le "photo walk" (genre de petite balade où l'on photographie sans trop se poser de questions) qui est très regardé. Alors oui, les réseaux sociaux ont un réel impact sur la photographie argentique d'aujourd'hui. Moi-même, j'y trouve beaucoup d'inspiration et donc de motivation a créer mes propres clichés en négatif !

 

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Willem Verbeeck 

 

Et si vous continuer à fouiner encore un peu plus sur Instagram, vous constaterez que les photographes de mariage les plus populaires capturent leurs clichés avec des appareils à pellicule. Parce que les clients aiment ce look argentique aux couleurs un peu pastels qui les replongent dans des émotions du passé. Alors, ce n'est pas un hasard si le prix des appareils photos argentiques sur le marché de l'occasion ne cessent d'augmenter !

 

 

L'avenir de l'argentique

 

L'argentique renait donc peu à peu de ses cendres depuis quelques années déjà et c'est d'autant plus flagrant si l'on s'intéresse de plus prêt au marché de la pellicule photo. Certaines d'entre elles refont leur apparition, d'autres sont même totalement nouvelles. La production de pellicules augmente de 15 à 30 % chaque année.

 

Des grandes entreprises ont fermé dans les années 2000 car elles n'avaient pas su prendre le virage du numérique. Je pense à la société Contax par exemple. Et regardez aujourd'hui. Le Contax 645 (très utilisé par les photographes de mariage, encore eux) est l'un des plus recherché aujourd'hui et je ne vous parle pas de son prix... Si les dirigeants de Contax avait pu seulement imaginer un tel succès 20 ans plus tard ?

 


Le Contax 645

 

Le but qui anime la plupart des photographes qui utilisent ces appareils photo aujourd'hui, c'est de maintenir l'industrie de la photographie argentique en vie. Aussi, je ne pense pas que la plupart des gens aient la patience pour travailler avec de la pellicule. C'est pourquoi c'est une sorte de niche pour les professionnels qui veulent se démarquer avec ce procédé.

 

Le seul bémol que je vois dans tout cela réside dans le domaine écologique. Photographier en argentique, c'est aussi utiliser tout un tas de substances chimiques diverses et variées. Alors, il n'est pas impossible que le film argentique ne soit amené à disparaître un jour complètement. Je ne l'espère pas en tout cas. Mais c'est une question à laquelle je ne peux répondre et il est encore très difficile de se renseigner sur le sujet. D'autant que l'on parle de plus en plus aujourd'hui de l'impact écologique que produit aussi l'ère du numérique.

 

Mais restons positif et il y a de quoi ! Tout cela va bien au delà de la photo. Peu importe quel appareil nous utilisons et quelle pellicule nous allons mettre dedans. Et peu importe ce que nous allons décider de capturer avec. C'est tout le charme et le processus de la photographie argentique qui nous amène à ralentir, à faire plus attention à ce qui nous entoure, dans un monde où tout s'accélère et passe en une fraction de seconde. Il est bon parfois de faire comme Henri Cartier-Bresson et tant d'autres. Simplement profiter de chaque instant, une photo à la fois.











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