Voir plus, photographier moins


La photographie argentique de rue







Je ne vais pas vous parler de "l'instant décisif", cette vision de la photographie de rue basée sur l'art de rester attentif, à l'affût et de réagir en une fraction de seconde pour capter cette image, c'est instant qui ne se reproduira plus. Moi, j'aurais plutôt tendance à photographier la rue comme je photographie un paysage. Je prends mon temps, j'apprécie la situation et je déclenche si l'envie m'en prend, sans pression particulière. Et si l'originalité ou la magie de la scène est passée, alors tant pis. Des occasions, il y en aura d'autres. Il y en aura toujours d'autres. À condition d'apprendre à les voir.

 

 

Apprendre à voir

 

La photographie de rue est une formidable opportunité pour aiguiser son regard et ainsi voir toutes ces occasions qui s'offrent à nous. Le principe est on ne peut plus simple. Si vous habitez en ville, cela consiste à sortir de chez vous avec votre appareil photo. Mais attention, simple ne veut pas dire facile pour autant. Loin de là ! Comme pour tout, savoir photographier, ce n'est pas un talent inné. Cela s'apprend, jour après jour. Alors, il faut pratiquer. Il faut développer cette compétence profonde : celle qui consiste à voir.

 

Sortir prendre l'air, marcher, explorer ce monde qui se déroule sous nos pieds. Henri Cartier Bresson dirait que c'est comme cela que l'on vit intensément. C'est aussi un excellent moyen de questionner ce qui nous entoure. La photo, quant à elle, va servir de moyen d'expression, en usant de sa créativité et en gardant une trace du temps passé.

 

Alors, plutôt que d'appuyer frénétiquement sur le déclencheur, pourquoi ne pas apprécier davantage chaque situation. Pour moi, le temps de la photo vient après, toujours.

 

 

Une photo à la fois

 

Sortir dans la rue pour photographier, j'en ai fait une routine. C'est la meilleur façon que j'ai à ma disposition pour faire mes gammes et progresser en tant que photographe. Alors, quand je décide de fouler le pavé de la cité phocéenne, je prends mon vieil appareil photo argentique des années 50 et je l'arme d'une pellicule. J'ai alors 36 clichés à prendre, pas un de plus. Avant de partir, j'aime me fixer ces trois objectifs : voir, voir et voir. Et, de temps à temps, photographier. La photographie argentique impose ce cadre qui retient de mitrailler. À l'inverse, elle me permet de déclencher une photo à la fois : regarder plus et photographier moins.

 Le palais Lonchamps
Homme assis sur les escaliers du Palais Lonchamps - Marseille

 

 

Pour aller plus loin dans ma démarche, je définis toujours un quartier et un thème plus ou moins difficile à photographier. Par exemple, je vais décider d'aller visiter le quartier du Panier, ou de remonter la Canebière. Marseille est un formidable terrain de jeux alors pourquoi ne pas en profiter. Pour le thème, il peut être de me concentrer sur les ombres des passants, ou sur une certaine combinaison de couleurs, ou bien d'approfondir une technique de cadrage particulière. Les possibilités sont infinies et cela rend les choses encore plus passionnantes !

 

 

Une texture, une couleur, une rencontre

 

Chaque virée dans les rues apporte son petit lot de surprises. Cela peut être une scène inattendue. Ou plus simplement, une texture, une couleur particulière qui aura su attirer toute mon attention. Ou bien une rencontre avec un passant.

 

Pas une fois je ne sors prendre des photos sans discuter avec une ou un parfait inconnu. Pourtant, je suis de nature plutôt réservé. Et le plus souvent, c'est cet inconnu qui vient vers moi. Il s'intéresse à ce que je fais et à l'appareil que je porte autour du cou. Il faut dire que ma vieillerie des années 50 contribue à attirer l'attention. Et ce sont ces petits bouts de relations avec des gens que l'on ne reverra plus qui apportent toute cette richesse à la photographie de rue je trouve. J'aime ce rapport impromptu avec l'humain, sans but particulier et sans rien attendre en retour.

 

Vous l'aurez compris, se balader dans la rue avec son appareil photo argentique va bien au delà de la photographie. En fait, c'est un phénomène assez étrange. C'est ralentir le temps pour communiquer avec ce qui nous entoure par un simple regard, une parole ou une photo. C'est un curieux mélange entre solitude et ouverture au monde.











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