Vivre intensément


Riton







Un de mes meilleurs amis demanda un jour à un collègue de classe :

 

- Tu t'appelles Henri ?

 

- Oui.

 

- On peut t’appeler Riton alors ?

 

- Non, appelez-moi plutôt Enrique, je préfère…

 

Puis, après un bref silence :

 

- Ben non, pour toi ça sera Riton !

 

 

Je me souviens encore de cet échange comme si c'était hier. Et surtout de la tête d'Henri quand il a appris son nouveau surnom. C'était pourtant il y a une bonne quinzaine d'années. Et c'est depuis ce jour que j'ai compris que l'on surnomme les gens qui s'appellent Henri : Riton. Ne me demandez pas pourquoi, je n'en sais rien, c'est comme ça.

 

Enfin, tout ça pour dire que c'est d'un certain Riton (c'est à dire Henri) dont je vais vous parler ici. Pas de mon ancien collègue de classe. Non. Mais de Monsieur Henri Cartier-Bresson.

 

 

Mais qui était Riton ?

 

 

Je vous le donne en mille, Henri Cartier-Bresson était photographe. Son nom est devenu incontournable dans l'univers de la photographie à partir des années 1930. Certains vont même jusqu'à dire qu'il était le père de la photographie de rue. Même si je ne suis pas sûr qu'il aurait aimé qu'on lui colle cette étiquette. Toujours est-il qu'il continue d'inspirer des photographes du monde entier grâce à ces photos naturalistes et remarquablement esthétiques restées dans la postérité.

 

Riton a parcouru le monde. Il s'est offert des rencontres et des expériences tout au long de sa vie. Il a vécu. D'ailleurs, ses plus grands voyages furent ses trois évasions en tant que prisonnier de guerre. Il se définissait lui-même comme un "prisonnier évadé".

 

La littérature, la poésie, la peinture étaient ses grandes passions, plus que la photographie. Il s’en inspirait pour créer de véritables œuvres visuelles. Pour autant, il ne se considérait pas comme un artiste. Il se comparait plutôt à un ébéniste qui fabrique une belle chaise. II était un artisan.

 

"C'est un tout petit métier la photographie."
Henri Cartier-Bresson

 

 

Pourquoi Riton photographiait ?

 

Pour vivre intensément. Sans cesse à l’affût, sans calculer. Il disait ne pas chercher à faire la photo parfaite même s'il prêtait beaucoup d'attention à la composition artistique (géométrique même) de ses clichés. Non, ce qu'il recherchait avant tout, c'était la saveur particulière de l'instant, le doigt toujours prêt à appuyer sur le déclencheur de son appareil. Il prenait simplement plaisir à regarder à travers son viseur.

 

"Il faut être heureux avec son appareil."
Henri Cartier-Bresson

 

Henri Cartier-Bresson était bien plus passionné par le fait de prendre des photos que par la photographie en général. Pour lui, être photographe était une nécessité de solitude couplée à une nécessité de ne pas être isolé. Il était un aventurier qui aimait particulièrement photographier les gens. Les paysages avaient l'éternité devant eux alors que l'être humain, non.

 

"Ce qui me passionne, c'est le regard sur la vie."
Henri Cartier-Bresson

 

Il ne parlait que rarement de ses clichés, préservant ainsi le mystère qu'il appréciait justement dans la photographie. Et il était lui-même un personnage mystérieux. Très discret, il fuyait les caméras autant que possibles préférant toujours rester derrière l'objectif, là où il prenait son véritable plaisir. Il n'avait pas vocation à devenir célèbre. La célébrité l’a rattrapé malgré lui.

 

"L'image est la projection de la personnalité du photographe."
Henri Cartier-Bresson

 

Riton ne faisait jamais poser son sujet. Il disait d'ailleurs avoir beaucoup de difficultés à réaliser des portraits. Tout ce qui importait, c'était de capter le vrai caractère de la personne qu'il avait en face de lui. En fait, il s'agissait d'être honnête vis à vis de lui-même et de son sujet.

 

"L’authenticité est sans doute la plus grande des vertus de la photographie."
Henri Cartier-Bresson

 

Photographier, c'était pour lui comme tenir un journal. C'était son "carnet de croquis". De cette façon, il questionnait tout ce qui l'entourait. Et interroger le monde était une manière d'en apprendre un peu plus chaque jour sur lui-même. En explorant le monde extérieur, il partait à la découverte de son monde intérieur.

 

"Rien n'a la précision de la vie réelle."
Henri Cartier-Bresson

 

Henri Cartier-Bresson aimait à dire qu'il ne travaillait pas mais qu'il prenait "un dur plaisir" (expression qu'il tenait d'un de ses amis).

 

 

Pour conclure, je citerai ce cours passage d'une des rares interviews qu'il a accordées et qui en dit long sur le personnage :

 

Le journaliste :

- Mais qu'est-ce que vous faites toute la journée ?

 

Henri Cartier-Bresson :

- Qu'est-ce que vous croyez, je regarde !











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