Mais d'où vient la photographie ?


et quel est l'intérêt de le savoir







Je suis convaincu que pour faire de plus belles photos, il faut aussi s'intéresser de plus près à ce qu'est la photographie et à son histoire. Alors, parlons culture, parlons photo et commençons par le commencement : les tous premiers pas de la photographie.

 

 

Le Daguerréotype : une invention française

 

Tiens, prenons Aristote par exemple. Grand penseur grec du IVe siècle av. J.-C., il utilisait déjà la chambre noire (camera obscura) pour observer les éclipses solaires. Alors vous allez me dire : C'est quoi déjà une chambre noire ? Je vais laisser notre bon vieux Léonard répondre à cette question :

 

"En laissant les images des objets éclairés pénétrer par un petit trou dans une chambre très obscure tu intercepteras alors ces images sur une feuille blanche placée dans cette chambre. […] mais ils seront plus petits et renversés."
Léonard de Vinci

 

Mais encore faut-il pouvoir figer ces images dans le temps pour parvenir au concept même de la photographie. Les travaux de différents chercheurs et inventeurs se succédant, c'est Thomas Wedgwood, en 1802, qui s'en rapprocha le plus en utilisant des sels d'argents sur du papier et du cuir, sans parvenir toutefois à conserver ses clichés. Mais vers 1827, l'ingénieur français Joseph Nicéphore Niépce parvint à réaliser la toute première photographie connue et conservée, fixée sur une plaque d'étain recouverte d'une couche de bitume qui durcissait à la lumière. La voici ci-dessous :

 

Point de vue du GRAS, 1826 - Joseph Nicéphore Niépce
Point de vue du Gras,1826 - Joseph Nicéphore Niépce

 

Ce que vous admirez là est tout simplement une pièce historique. Fascinant et mystérieux à la fois, n'est-ce pas ? Mais ne nous laissons pas envahir par nos émotions et reprenons le fil de notre histoire.

 

Poursuivant les travaux de Niépce avec qui il s'était lié d'amitié, Louis Jacques Mandé Daguerre, peintre et décorateur de théâtre, découvrit un nouveau procédé à l'aide de plaques d'argents traitées à l'iode et développées par du mercure. Cette méthode devint beaucoup plus facile à mettre en place que la précédente. Et en 1838, il publia ses recherche en exposant notamment une image du boulevard du temple à Paris. (Et regardez bien en bas à gauche, c'est la toute premier fois que l'on voit apparaitre une personne sur une photographie).

 

Boulevard du Temple, Paris 1838 - Louis Jacques Mandé Daguerre
Boulevard du Temple, Paris 1838 - Louis Jacques Mandé Daguerre

 

Le Daguerréotype était né et Daguerre connut la célébrité. Les journalisent s'émerveillèrent et ce procédé révolutionnaire devint extrêmement populaire dans les années 1840. Je vous ai déniché une vidéo reproduisant ce procédé. Je vous invite à prendre le temps de la visionner, ça vaut le coup d'œil ! (Il existait à la même époque un autre procédé inventé par l'anglais William Henry Fox Talbot mais on en parlera une autre fois.)

 

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Et le portrait dans tout ça ?

 

Pour réaliser des épreuves en daguerréotype, il fallait plusieurs minutes de pose. C'était un temps très long. Surtout si l'on compare à aujourd'hui où l'on peut prendre des clichés au 1000e de seconde et plus. Prendre des photos de portrait à cette époque semblait impossible. Même Daguerre n'y croyait pas. Mais c'était sans compter sur les progrès toujours plus rapides de la science et notamment sur l'ingéniosité d'un certain Joseph Petzval. Ce dernier créa un objectif photographique qui lui permit de faire rentrer jusqu'à huit fois plus de lumière qu'un objectif traditionnel, avec une ouverture à f/3.6. (Pas de panique, j'écrierai prochainement un article sur l'ouverture du diaphragme pour celles et ceux qui se demandent ce qu'est cette bizarrerie). Résultat : Plus besoin de poser pendant plusieurs minutes sans bouger le moindre cil face camera. En plus, l'effet produit sur les clichés était de toute beauté : une grande netteté du sujet couplée à un joli flou d'arrière plan.

 

Louis Jacques Mandé Daguerre, 1844
Portrait de Louis Daguerre, 1844

 

Je reste impressionné face à ces portraits en daguerréotype. Quand on regarde l'épreuve ci-dessous produite par Louis Adolphe Humbert de Molard en 1847 et qu'on la compare avec celle de Niépce prise 20 ans plus tôt, on ne peut que s'extasier devant la rapidité à laquelle la technique photographique a évolué à cette époque. Quelle netteté ! Quelle profondeur de champ ! Quelle réussite artistique ! Et je me risquerai même à aller plus loin. Ce cliché n'a rien à envier avec ce qui se fait aujourd'hui dans la photographie moderne, 170 ans plus tard !

 

Louis Dodier en prisonnier, 1847
Louis Dodier en prisonnier, 1847 - Louis Adolphe Humbert de Molard

 

La commercialisation des photos de portraits commença fin 1840 avec une fervente popularité aux États-Unis. Tout le monde voulait un portrait en daguerréotype, ces "miroirs doués de mémoire". Même si parfois, il était aussi reproché à ce dernier d'être une reproduction trop fidèle de la réalité par certains de ses détracteurs.

 

 

Pour conclure cette petite histoire

 

Bon, j'espère que cette modeste introduction vous aura plu et surtout appris quelque chose. Bien sûr, cette histoire ne arrête pas là et j'aurai plaisir à vous partager d'autres billets sur le sujet (comme cet article où je vous parle d'une petite bobine).

 

Quand j'ai commencé à photographier, je ne me suis pas vraiment intéressé à cette discipline en tant qu'Art, à son histoire et à ce qu'avaient produit les autres photographes en général. Je pratiquais, c'est tout. Et aujourd'hui, je me dis que j'aurais bien aimé me cultiver un peu plus en même temps que je prenais plaisir à photographier. C'est pourquoi je m'emploie depuis quelques temps déjà à rattraper le temps perdu.

 

C'est une chance que l'on a d'avoir accès de nos jours à autant d'ouvrages photographiques par exemple. Autant d'inspirations pour faire évoluer notre pratique. La culture ne libère-t-elle pas la créativité ? Oh que oui ! À la condition que nous cessions de nous comparer aux autres et à ce qui a déjà été fait. Nous avons tous la légitimité de produire nos propres images. Alors, apprenons et créons jour après jour !











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